Un nouveau documentaire explore la réalité d’immigrants adultes qui apprennent le français au Québec

Credit to Author: Alexandra Miekus| Date: Fri, 11 Oct 2019 19:00:12 +0000


Le cinéaste d’origine argentine, Andrés Livov, nous offre une incursion inédite dans une classe de francisation du centre William Hingston, situé à Montréal.

L’idée de tourner un film qui raconte le parcours de francisation d’immigrants adultes lui est venue alors qu’il fréquentait lui-même ce type de classe, il y a plus de dix ans. « Mon expérience a été vraiment exceptionnelle. Je savais, à ce moment-là, qu’il y avait un film à faire là-dessus. »

La maturation et l’élaboration du projet se sont donc effectuées sur plusieurs années.  Pendant ce temps, la thématique de la francisation n’a pas cessé de prendre de l’ampleur dans notre société. Il s’agit d’un sujet qui est aujourd’hui brûlant d’actualité.

En plus de sensibiliser le public aux enjeux de l’immigration, le film d’Andrés Livov donne à réfléchir sur l’importance du contact humain et du rapport à l’autre chez ceux qui apprennent à communiquer dans une langue qui leur est étrangère.

Le film est porté par madame Fluvie Loiseau, une enseignante passionnée et sensible, elle-même issue de l’immigration, et qui travaille dans ce milieu depuis plus de 15 ans. C’est elle qui veille à ce que l’apprentissage de la langue soit une histoire de cœur, de compassion et, surtout, de succès.

Les étudiants qu’elle accueille dans sa classe sont des réfugiés, des demandeurs d’asile ou encore des travailleurs temporaires, plus de la moitié d’entre eux sont des femmes.

Dans leurs pays d’origine, plusieurs d’entre elles bénéficiaient du soutien de leurs communautés et de leurs familles pour combler leurs besoins de base. Au Québec, elles se retrouvent souvent sans repères et sans appui.

Avant même d’entamer le tournage, Andrés Livov savait que ces femmes occuperaient une place prépondérante dans son film.

« En général, on n’écoute pas beaucoup ces femmes, on connait mal leurs parcours.  Je voulais vraiment savoir d’où elles viennent. Je voulais qu’elles racontent leurs histoires. »

« Une des femmes, qui parlait bien français et arabe et pouvait traduire pour les autres, est devenue ma facilitatrice. C’est elle qui a fait parler les autres », raconte le réalisateur.

C’est ainsi qu’on les voit traduire et exprimer, malgré leur maitrise balbutiante de la langue, leur attachement à leur pays d’origine et leur volonté de se faire accepter par leur pays d’adoption.

Les échanges, tantôt comiques, tantôt dramatiques, ne sont pas sans malentendus interculturels. Plusieurs scènes du film démontrent que les préjugés persistent, mais qu’il est néanmoins toujours possible de les surmonter.

Là-dessus Madame Loiseau est intransigeante. Elle ne manque pas une seule occasion de mettre de l’avant les expériences de vie de ses étudiants et étudiantes, de les renforcer et au besoin de les ajuster à leur nouvelle réalité socio-économiques et culturelle.

« Je ne veux pas qu’une femme me dise qu’elle n’avait pas de métier dans son pays. On est infirmière, psychologue, ménagère. Quand on est femme au foyer, on a tous ces métiers-là », s’exclame-t-elle d’un air triomphant dans une des scènes du film.

Au fur et à mesure des témoignages, des moments d’intimité et de socialisation qui défilent à l’écran, on constate que le processus de francisation repose, en grande partie, sur la nécessité d’aider les apprenants à se défaire des effets de méfiance et à faire confiance aux autres.

Le réalisateur souhaite justement que son film mette en lumière la nécessité de réfléchir sur les rapports que nous entretenons avec les immigrants et sur la représentation médiatique, souvent hostile, dont ils font l’objet.

« Je n’ai pas fait ce film pour les immigrants ni pour les enseignants en francisation, précise le réalisateur, ils connaissent déjà cette réalité. J’ai fait ce film pour le grand public, pour monsieur et madame Tout-le-Monde. » « Je voulais les mettre en contact avec les immigrants en train d’apprendre une nouvelle langue, créer une porte d’entrée sur cette réalité pour que les gens puissent aborder les choses avec une autre perspective.  »

La langue est donc une histoire d’amour prendra l’affiche dans plusieurs salles au Québec dès le 11 octobre.

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